One Beam

Dans la nef de Saint-Pierre-aux-Nonnains, une poutre, suspendue dans l’espace. Ni fonctionnelle, ni ornementale. Une ligne sculpturale, tendue dans le vide, enveloppée de triangles. Une peau géométrique, à la fois rigide et fragile. Avec One Beam, Boris Tellegen transpose l’abstraction du graffiti dans un langage sculptural. Ancien graffeur connu sous le nom de Delta, il réduit ici son geste à l’essentiel : un axe, une tension, un équilibre. Le graffiti ne s’affiche plus, il se condense. Il devient structure, volume, silence. L’artiste a ajouté cinq couleurs — violet, noir, vert, rouge, blanc — empruntées à la tradition liturgique. Elles ponctuent discrètement la surface de l’oeuvre, comme des signes déposés, presque secrets. Ces teintes, associées aux cycles de l’année ecclésiastique, renforcent la relation entre la sculpture et l’histoire du lieu. Elles rappellent que cette architecture fut jadis un espace de rituel, de rassemblement, de transformation. One Beam évoque autant une poutre qu’un seuil. On pense au monolithe de 2001, l’Odyssée de l’espace : un objet opaque, dense, qui transforme ce qu’il traverse par sa simple présence. Ici aussi, la forme n’explique rien. Elle tient. Elle fait lieu.

Myriama Idir
commissaire d’exposition, agence belle vue